BUREAU A

Devil's peak (in beige)

En Californie, sur la Route 66 reliant historiquement Los Angeles à Chicago, se trouve Amboy. Implantée en plein coeur du désert de Mojave, la petite ville a été créée à la fin du XIXe siècle en tant qu’étape ferroviaire. La population locale a fluctué au fil des ans, connaissant son apogée dans les années 1940 avec quatre cents grâce aux touristes de passage sur la Route 66 et aux escales des trains de fret alimentant la ville en eau potable. Les quatre habitants encore présents sur place aujourd’hui font tourner la station service et le bureau de poste, tandis que l’école, l’église, le motel et le cimetière sont laissés à l’abandon, donnant à la ville la réputation de ghost town. A seulement trois heures de Los Angeles, le lieu est devenu le décor de tournages de films Hollywodiens et de nombreuses histoires de meurtre et de culte satanique circulent sur son compte.

The devil’s peak (in beige) est une installation composée de trois éléments. Une pyramide à cinq faces — référence au cercle d’incantation dessiné dans l’ancienne salle paroissiale — se dresse en bordure de la ville. Puisant dans le lac primitif sousterrain, elle distille l’eau salée par évaporation sous l’action du soleil. Dessalée, l’eau devenue potable, est récupérée au compte goutte dans une jarre abritée dans une cavité creusée à proximité. Non loin de là, un banc en béton reprenant la forme d’un cristal de sel fait face à une éolienne qui alimente un néon clignotant en fonction de la force du vent. Plus ou moins longs, les éclairs transcrivent les rafales de vent en un code lumineux rendant ainsi une possible interprétation de l’invisible présence par sa traduction en morse.

BUREAU A et Maxime Bondu. Matza Amboy, 2016