Nous traversons une période bouleversée par une succession de crises politiques, sociales, économiques et climatiques. Dans la complexité d’analyse et de compréhension de ces profondes transformations planétaires, la crise sanitaire du Covid est venue encore rajouter une épaisseur d’incertitude et de doute dans le sentiment général de n’avoir désormais plus d’emprise ni sur l’avenir ni sur son environnement. En Suisse comme ailleurs, la population à la recherche de repères exprime un besoin fort de reconnection à la nature en même temps que les besoins de nouvelles énergies se font ressentir.
Séverin Guelpa, septembre 2021
Tremblement/Trembling/Erschütterung est un travail de Séverin Guelpa qui a démarré en 2020. Alors que le Covid provoque l’annulation de la plupart des expositions en Suisse, l’artiste et les architectes Kunik de Morsier. partent sur les routes de Suisse à la découverte de sites, naturels, bâtis ou symboliques qui incarnent pour eux les grands chamboulements actuels. Projet de géothermie profonde contesté dans le Jura, chantier de conduites forcées en Valais, stand de tir à Zurich où l’UDC fête son raout annuel ou encore village menacé d’évacuation dans les Grisons, autant de situations qui interrogent à leur manière la place croissante du risque et de l’imprévisibilité dans le monde d’aujourd’hui.
En 2021 et 2022, Séverin Guelpa réalise De profundis terrae qui filme les entrailles de la terre à travers différents sites en Suisse, laboratoire scientifique de l’ETH dans le Tessin, forage du deuxième tube du Gothard à Goeschenen ou encore des mines abandonnées dans les Alpes.
Les étapes suivantes de Tremblement vont s’intéresser aux infrastructures hydrauliques ainsi qu’aux glaciers que l’artiste filme de l’intérieur aux côtés de spéléologues. Au printemps 2024, la dernière partie du projet est prévue autour du village de Brienz dans les Alpes grisonnes, village évacué en 2023 suite à la menace d’effondrement d’un pan de la montagne qui surplombe le village.
Pour Tremblement/Erschütterung, Séverin Guelpa s’entoure d’experts et s’inspire notamment des tests scientifiques pratiqués sur le terrain ou en laboratoire pour s’intéresser aux frontières entre une nature que nous pensons sous contrôle et la place que nous sommes capables d’accorder au doute et à l’imprévisiblité dans notre rapport au monde.
